Conférence

Jeudi 15 novembre 2018

La conférence se déroule sous forme de table ronde. Elle repose sur des interventions et des témoignages de professionnels et laisse la place à l’interaction avec le public.

acte-de-conference

 

picto-conferenceL’inclusion professionnelle des personnes autistes en milieu ordinaire et/ou adapté ou protégé.

La Conférence sera animée par Robert Durdilly (administrateur de l’association L’Hippocampe , Président du fonds de dotation Solinergy et ex Président de l‘UFE ) avec l’appui de Paul-Eric Laurès (journaliste).

Entrée libre et gratuite
(dans la limite des places disponibles)

Une saynète, écrite par Luc Leprêtre et interprétée par Luc Leprêtre et Charles Meurisse à l’ouverture de la conférence, illustrera la problématique en cherchant à mettre en scène les «représentations» et les non dits.

Cette conférence du Festival Regards Croisés 2018 a pour thème « l’inclusion professionnelle des personnes autistes que ce soit en milieu ordinaire ou en milieu protégé ou adapté».

En France ce sont de l’ordre de 600 000 à 700 000 personnes, soit 1 personne sur 100, qui sont concernées par les Troubles du Spectre Autistique. Alors que 80% des enfants autistes ne sont pas scolarisés, le taux d’emploi en milieu professionnel ordinaire est faible de 15 à 20%. Il existe beaucoup d’idées reçues ou d’approximations au sujet de l’autisme. Cette Conférence a pour but d’apporter sur ce sujet des éléments de compréhension ainsi que de témoigner sur les nombreuses initiatives et expériences d’inclusion professionnelle en milieu ordinaire et milieu protégé ou adapté. Notre objectif est de montrer que les choses avancent dans ce domaine, que les regards commencent à changer et surtout qu’il est possible d’agir pour proposer des parcours de vie et des cursus professionnels adaptés aux spécificités et à la variété des troubles du spectre autistique.

Aborder l’autisme est une tâche ardue : les caractéristiques de l’autisme varient énormément d’une personne à l’autre et couvrent un large spectre. La classification et le diagnostic de l’autisme sont par ailleurs en constante évolution. Pour mieux appréhender cette complexité, nous bénéficierons de paroles d’experts et en particulier du professeur Catherine Barthélémy qui a accepté d’être le grand témoin de cette Conférence.

L’autisme et les troubles de neuro-développement constituent un enjeu de santé public qui a justifié l’élaboration d’une stratégie nationale pour l’autisme dévoilé par le gouvernement début 2018 (4 ème plan). Nous aurons le privilège d’avoir la présence, pour nous en parler, de la Déléguée Interministérielle Claire Compagnon.

Plan de la Conférence

I. Présentation et intervention du Professeur Catherine Barthélémy

 

II. Intervention de la Déléguée Interministérielle Claire Compagnon

 

III. Témoignages de jeunes autistes

Le Docteur Françoise Beau a réalisé des interviews de jeunes autistes à propos de leurs expériences, de leurs besoins, de leurs attentes en matière d’emploi. Elle nous en fera une synthèse avant le lancement des tables rondes.

 

IV. Première table ronde

  1. Flora Thiebaut, neuro-pshychologue, représentant Auticonsult qui est la première entreprise en France à employer essentiellement des personnes avec autisme en tant que consultants en informatique. Cette entreprise offre du conseil et des services en informatique à ses clients des secteurs de l’industrie et du tertiaire. Auticonsult a la particularité d’activer les talents extraordinaires et les caractéristiques des personnes du spectre autistique dans des projets informatiques complexes. Elle a développé une méthode pour assurer une bonne inclusion des consultants au sein des équipes de l’entreprise où intervient Auticonsult. Un coach pour 8 consultants propose une préparation avant le début de la mission et apporte un soutien tout au long de la mission, tant pour le consultant que pour l’équipe accueillante. Par ailleurs, un chef de projet technique est en appui pour 12 consultants. Cette méthode, déjà largement expérimentée dans d’autres pays, permet de lutter contre les discriminations à l’embauche dont sont victimes les personnes autistes.
  2. Arnaud Ulian, Chef de Département R&D EDF, accueille en tant que manager des consultants d’Auticonsult. Ce recours à Auticonsult est né de la nécessité de sortir des sentiers battus pour adopter une approche nouvelle sur des codes informatiques qui se distinguent par leur grande complexité. La rencontre d’Arnaud Ulian, il y a 2 ans, avec Auticonsult a permis la conclusion d’un premier contrat pour la refonte d’un code de téléconduite d’Enedis (200 000 lignes). Son enjeu était la performance dans une démarche d’innovation permise par les compétences autistiques. Les résultats sont très encourageants avec un code informatique totalement repensé, une architecture plus modulaire et un temps de calcul divisé par 10 ! Un deuxième consultant est opérationnel pour sécuriser les codes de calcul 7j/7 et 24h/24. Un troisième est en cours de recrutement sur les questions de cyber sécurité.

    Elie
    , Consultant d’Auticonsult intervient chez EDF R&D sur le code de télé-conduite. Il témoignera avec Arnaud Julian de son expérience.

  3. Stéfany Bonnot – Briey : Consultante et formatrice en autisme, militante associative, elle a participé aux travaux de la Haute autorité de Santé (HAS) sur les premières recommandations concernant l’accompagnement des adultes autistes. Elle a aussi pris part à la concertation lancée par le gouvernement sur un 4e plan autisme, annoncé publiquement début avril.
    Elle intervient régulièrement pour mieux faire comprendre le fonctionnement interne de la personne autiste : mode perceptif et de pensée. Elle est également très impliquée dans le développement de projets et l’accompagnement de personnes autistes vers et dans l’emploi. Elle conduit le projet VIADUC destiné à proposer un dispositif de parcours de vie professionnelle pour les personnes autistes et plus largement en situation de handicap. Elle travaille actuellement à la création d’un modèle économique permettant de favoriser la participation socio-professionnelle au sein du droit commun et de créer des passerelles pour permettre aux usagers du milieu protégé d’en bénéficier. Elle est membre de l’Association PAARI (Personnes Autistes pour une Autodétermination Responsable et Innovante).
  4. Dominique Penhouet, Directeur adjoint de l’ARS Bretagne :
    L’ARS Bretagne est l’une des trois Régions à avoir contribué au plan stratégique autisme sur son volet insertion professionnelle. La Région Bretagne s’est dotée d’un Comité Technique Régional Autisme qui travaille en particulier sur l’accompagnement dans l’emploi. Elle est en lien étroit avec la DIRECCTE dans le cadre de son plan d’insertion des personnes handicapées.
    L’inclusion professionnelle doit bien sûr passer par les Entreprises Adaptées ou les ESAT, lesquelles sont bien connues de l’ARS du fait de sa mission à leur égard. Mais elle doit aussi associer les entreprises du milieu ordinaire. Le chemin est plus difficile pour les atteindre car il suppose l’accès à un réseau d’entreprises. Il faut en effet décloisonner l’approche qui privilégie souvent le champ médico-social. Il est en particulier important de mettre en place des gouvernances régionales associant toutes les parties prenantes (Associations, ARS/ DIRECCTE/ Rectorat / Entreprises,…).
  5. Hugo Horiot est un écrivain et comédien qui milite pour la dignité et la reconnaissance des personnes autistes. Il écrit en 2013 une autobiographie « L’empereur c’est moi ! » qui connaît un grand succès de librairie, livre ensuite adapté au théâtre. Dans son dernier livre, « L’autisme j’accuse » il prône les spécificités de l’intelligence autistique qui s’illustre dans les nouvelles technologies. Il condamne l’approche médico-sociale traditionnelle qui consiste à vouloir mettre dans la normalité les personnes autistes sans tirer partie de leurs différences et de leurs aptitudes hors norme. Il vante les mérites de l’approche anglo-saxonne, pragmatique, qui cherche à créer les conditions de leur épanouissement. Il cite volontiers la start up Aspertise lancée par Frédéric Vezon et qui emploie avec succès des « atypiques ». Il est le parrain d’un projet de création d’une Ecole Numérique Solidaire dans le cadre de l’Institut MT SOLACROUP, à Dinard. Ce projet consiste, à partir de janvier 2019, à monter des formations qualifiantes sur le numérique, de 6 à 8 mois en résidence, qui toucheraient des publics atypiques, essentiellement ciblées pour des autistes Asperger et des jeunes en décrochage scolaire.

IV. Deuxième table ronde

  1. Jean-François Dufresne, DG d’ANDROS, est convaincu que l’emploi des autistes dans les entreprises est possible, et générateur de grands bénéfices pour l’entreprise, la collectivité et bien sûr les autistes eux-mêmes. Il crée en 2015 l’Association Vivre et Travailler Autrement. Cette Association porte un dispositif innovant permettant à une douzaine d’adultes autistes de travailler à mi-temps en milieu ordinaire et de bénéficier d’un encadrement spécialisé tout au long de la journée dans un lieu de vie adapté. Un dispositif unique d’autant plus original qu’il mêle pouvoirs publics (qui financent l’accompagnement) et secteur privé (qui offre des emplois en CDI et met à disposition le lieu de vie), secteur associatif et appui sur le médico-social. L’Association Vivre et Travailler Autrement s’emploie à dupliquer ce dispositif dans d’autres départements. 3 projets sont en cours (PACA, Corrèze, Ile de France) avec 3 autres entreprises. Le retour d’expérience au sein d’Andros est très positif : les salariés recrutés, bien qu’à un niveau élevé de handicap de 80 %, bénéficient d’un CDI. Cette réussite est liée à une approche pluridisciplinaire en équipe (entreprise, professionnels de l’autisme, ESAT). Les jeunes qui réalisent des tâches simples et répétitives, se distinguent par leur envie de travailler, leur assiduité, leur organisation, leur souci du détail …. Ce qui apparaît au départ comme un handicap se révèle finalement un atout !
  2. Henri de Marignan, Directeur de l’ESAT «  Le village des Métiers » qui intervient en appui de l’Association Vivre et Travailler Autrement et accueille des personnes avec autisme. L’ESAT « Le Village des métiers » est un des rares ESAT à avoir une habilitation pour des personnes autistes. La mission d’accompagnement dans un projet d’insertion sociale autour d’une activité professionnelle connaît des difficultés particulières pour les autistes : difficulté à formuler un projet, à rentrer dans des règles de production standard, à s’adapter aux conventions sociales habituelles. La proposition de l’ESAT est très axée sur la formation action avec mise en situation dans un emploi, et ce malgré les réticences des professionnels du secteur médico-social. La réussite de l’opération conduite avec Andros est de ce point de vue exemplaire, grâce à l’implication de l’ensemble de l’entreprise. Une convention d’appui entre l’entreprise et l’ESAT, conclue pour un an, renouvelable deux fois, permet en cas d’échec de la période d’essai en entreprise, d’assurer un replacement en ESAT de la personne.
  3. Amélie Tsaag Valren : Amélie, connue sous le pseudonyme de Tsaag Valren, est auteure, chroniqueuse et chercheuse dans un domaine très spécifique : le légendaire équestre. Elle est l’auteure du livre « Bestiaire fantastique & créatures féériques de France ». Autiste, elle a participé à la concertation sur la stratégie autisme adoptée début 2018 par le gouvernement. Elle a contribué en particulier à son volet « statut d’auto-entrepreneur des personnes autistes », comme solution à développer pour surmonter les difficultés d’accès à l’emploi dans les entreprises (15 à 20 % de taux d’emploi). Elle met en avant l’importance du coaching pour accompagner les personnes autistes dans l’emploi tout en soulignant la nécessité de compétences de coach spécifiques et les risques de dérive dans ce domaine. Elle prône la certification du coaching pour garantir le niveau de qualité requis.
  4. Laurence Meloul Piou dirige un Institut Médico Educatif, l’IME Cour de Venise,  qui accueille des adolescents. L’objectif de cet IME est de leur offrir la possibilité de trouver leur place dans leur environnement social : famille, institutions, travail, centres de loisirs et culturels, etc., ainsi que de pouvoir communiquer avec leurs proches comme avec les autres. Elle conduit un projet qui a pour objectif d’ouvrir un café en plein cœur de Paris qui emploierait des jeunes et des adultes autistes. Ce serait un lieu ouvert, vivant, proposant des activités culturelles. Ce passage par un emploi dans ce café validerait pour la personne autiste une première expérience professionnelle, première marche indispensable, à un parcours professionnel.
  5. Yann Bucaille Lanrezac, est à la tête du groupe Emeraude dont le domaine d’activité est le négoce de matières plastiques. Il lance en décembre 2017 un premier « Café Joyeux » à Rennes, restaurant qui emploie des autistes ainsi que d’autres personnes handicapées. Il ouvre un deuxième Café Joyeux à Paris en mars de cette année.Son objectif est de proposer un emploi en CDI à ces personnes handicapées qui se trouvent exclues du monde du travail. Il s’appuie sur des professionnels de la restauration pour manager ces restaurants qui se trouvent en situation pleinement concurrentielle et doivent donc démontrer leur viabilité économique. Des éducateurs spécialisés interviennent mais de manière très légère. Un processus d’intégration avec séances de team building est mis en place. 26 contrats CDI ont déjà été conclus pour les 2 restaurants. Cette expérience, dont les retours sont très positifs, suscite beaucoup d’espoir et il existe une forte demande pour ouvrir de nouveaux Cafés Joyeux.

V. Enseignements de la Conférence par le Professeur Catherine Barthélémy

 

 

 

 

Nos Partenaires

audiens
klesia
  • Pro BTP GROUPE
    RTE
  • sncf
    sagemcom
    La Fondation Falret
    thalie santé
    eiffage
  • ufe
    Réseau Gesat
  • talenteo
  • France TV
    titra